Notre école est fondée sur 3 piliers éducatifs : l’accompagnement éducatif et l‘attachement à la culture française, qui sont deux particularités du réseau Espérance banlieues, mais aussi l’exigence académique. Ce dernier pilier repose en partie sur la pédagogie particulière mise en place par nos professeurs au Cours Charles Péguy.

Cette semaine, nos professeurs vous racontent leurs méthodes, leurs principes pédagogiques, et la manière dont ils apprennent aux élèves à aimer l’école.

La pédagogie du concret par Mme Giraud et Mme Gonin, enseignantes en CP

Être curieux… Toucher pour expérimenter … Expérimenter pour comprendre … Comprendre pour apprendre … et surtout AIMER APPRENDRE !

La pédagogie du concret s’invite en classe de CP ! Et pas seulement en classe…

13 avril 2023… 9h15… Ce matin, nous avons rangé nos livres et nos cahiers ! Tous nos sens sont en éveil… Rien de tel qu’observer, toucher, manipuler, pour découvrir et comprendre le monde qui nous entoure ! Ce matin chacun se met à rêver en cheminant gaiement vers la Ferme Pédagogique de Gally, à quelques centaines de mètres du CCP. Et si j’étais boulanger ? Et si j’étais vétérinaire ?

Mettre la main à la pâte, au sens propre et au sens figuré. Les élèves utilisent un moulin (tiens, un nouveau mot !), et le blé devient farine. Chacun va fabriquer SON pain. Il faut d’abord peser… le cours de mathématiques n’est pas loin ! Je mesure des quantités de farine, de sel, d’eau avec une balance, une cuillère, un verre… je mélange avec mon doigt dans un pétrin (tiens, un nouveau mot !). Puis je pétris, j’étire la pâte. Et me voilà devenu sculpteur, je façonne une boule, une roue, une étoile… un vrai travail d’orfèvre ! Ce soir à la maison, tout le monde se régalera de pain tout chaud …et je dirai fièrement « c’est moi qui l’ai fait ! »

Et pendant que la pâte repose, nos apprentis boulangers quittent leur atelier pour rendre visite aux animaux de la ferme. La guide les interroge : Qui est la femelle du cheval ? Où dorment les cochons ? Comment s’appelle la maman du poussin ? Celle du caneton ? Notre leçon de sciences est vivante, elle est là, tout près. Et cette chèvre ? elle est si douce ! et ce lapin ? sa fourrure est incroyable ! Quelle joie de pouvoir toucher, câliner, caresser de la main ou des yeux…

« Maitresse, on pourra retourner à Gally ? » La pédagogie du concret… ou comment faire grandir les enfants, tout simplement !

La pédagogie du jeu par Mme Taillebois, professeure de CE2

Afin de renforcer les notions étudiées en français et en mathématiques, et/ou de permettre aux élèves de les réviser avant une évaluation, je passe beaucoup par le jeu. Par exemple, à la fin d’une leçon sur le repérage et le déplacement dans un quadrillage, les élèves ont pu choisir entre deux activités différentes :

Le touché-coulé, ou le codage et décodage d’un déplacement sur une carte au trésor.

Cela leur permet de réinvestir leurs connaissances, et de se rendre compte qu’ils peuvent les réutiliser en s’amusant dans la vie de tous les jours. Ils développent en parallèle des bonnes attitudes face au jeu : fair-play, entraide, esprit d’équipe… Une fois les jeux présentés, les élèves se les approprient et peuvent les utiliser lors de temps libres en classe.

L’utilisation du conte par Mme Handelsman, professeure en CM1, et Mme de Bellabre, professeure en CE1

Les élèves de CM1 ont étudié les contes en classe. Ils ont ensuite écrit leur propre conte, qu’ils sont tous venus lire aux élèves de CE1. Les élèves de CE1 étaient ravis d’entendre les histoires inventées par les « grands CM1 », de découvrir les personnages sortis tout droit d’imaginaires variés comme l’archère de Hiba, le voleur et le loup de Mohamed ou encore la valeureuse princesse de Soundouss et son cheval ! Les CE1 étaient d’autant plus contents que cela faisait écho à la venue des conteuses à l’école pour nous raconter l’histoire du coquillage qui tourne, de Riquet à la Houppe ou du poisson d’or…

Comme enseignantes, cela est aussi une belle manière de découvrir l’imagination de nos élèves, de voir la manière dont ils rédigent ou bien de travailler l’évocation après l’écoute des contes.

La pédagogie du vécu par Mme Collet, professeure de CM1-CM2

Chez Espérance banlieues, les formateurs nous recommandent d’enseigner la grammaire/conjugaison « par le vécu » des élèves. Le but est en effet qu’ils mettent le plus possible de sens sur la notion étudiée, parfois fort abstraite, il est vrai.

Nous essayons donc, autant qu’il se peut, d’appliquer cette recommandation.

Petit exemple…

Notion abordée : l’impératif.

Plantons tout d’abord le décor : la signification de ce mot.

Discussion avec les élèves…

  • A quel autre mot vous fait penser « impératif » ?
  • A l’imparfait…

Inattendue cette réponse !!

Bon … après une petite mise au point nécessaire, nous précisons l’étymologie de ce mot : imperare  = commander en latin. Les enfants sont particulièrement friands de ces références gréco-latines. Ils ont alors le sentiment de rentrer dans le monde « des grands » et d’être très savants…

Les enfants citent alors d’autres mots de la même famille.

Entrons maintenant dans le vif du sujet : « l’impératif est un mode qui exprime un ordre ou un conseil appuyé ».

Quelques exemples sont donnés par chacun, enfants et enseignants, et exécutés, écrits au tableau et analysés par eux. Ils concluent par trois remarques inscrites sur leur cahier de brouillon :

  • Absence de sujet
  • Seulement 3 personnes
  • A l’impératif, on parle forcément à quelqu’un ou à un groupe, d’où les trois personnes seulement.

Et là… pas d’exercice d’entrainement… mais … petit jeu… chacun écrit sur son cahier trois phrases qu’il pense être à l’impératif.

Consigne : « vous viendrez lire chacune de vos phrases devant la classe. Si elle est effectivement écrite au mode « impératif », celui ou ceux à qui l’ordre est donné devra s’exécuter et pas dans le cas contraire « – adaptation du jeu « Jacques a dit »…

Et là, doux moment… du pur bonheur d’enseignant. Certains font évidemment des erreurs en commençant par « tu dois… il faut… » .., mais les élèves « s’inter-corrigent »  et il n’est plus besoin d’intervenir. L’enseignant joue, bien sûr !

…… dernière proposition d’un élève – qui nous permet, c’est parfait, de différencier le nous/sujet et le nous/pronom des verbes pronominaux… : « Asseyons-nous tous sous nos tables » !

Cette séance s’achève là, sous nos tables, dans un éclat de rire général…

La suivante sera bien entendu moins drôle ; il faudra faire des exercices d’entraînement écrits… Mais, comme nous aurons passé une séance agréable et très concrète sur l’impératif, ces exercices seront réalisés avec plus de réussite… et d’entrain !

L’histoire vivante par Mme du Portal, professeure de 6e et 5e

En 5ème, plutôt que mon cours d’histoire habituel, j’ai emmené mes élèves enquêter sur un crime dans une seigneurie médiévale, parfait prétexte pour découvrir les lieux et acteurs des campagnes au temps de la féodalité. Ainsi, la salle de classe s’est transformée en seigneurie de Wismes et les élèves sont devenus Fulbert, Galeran ou Clarembaud ! Ils ont interrogé les enfants du châtelain, son vassal, un serf et un vilain, le curé de la paroisse… afin de résoudre l’enquête et de bien comprendre les habitudes et mobiles de chacun. Et sont revenus en 2023 avec une bonne connaissance de cette époque !