Marie-Pierre Collet est la plus expérimentée des professeurs du Cours Charles Péguy, ce qui permet à toute l’équipe pédagogique de notre école de profiter de ses trente années d’expérience dans l’enseignement. Elle nous parle aujourd’hui de son parcours et des apprentissages qu’elle a pu tirer de sa carrière.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a amenée à enseigner au Cours Charles Péguy ?
J’ai passé mon diplôme d’institutrice en 1991, à la suite duquel j’ai enseigné une dizaine d’années dans un contexte rural. J’enseignais le plus souvent dans des classes uniques de la maternelle au CM2. J’ai ensuite travaillé dans le contexte plus urbain d’une cité sensible à Montpellier. Ma première année dans ce milieu a été très difficile mais j’ai réussi à y trouver ma place. J’y ai travaillé dix ans.
En 2019, quelques années après avoir découvert la première école Espérance banlieues de Montfermeil dans un article de journal, j’ai appris qu’une école du réseau ouvrait à Toulouse. J’ai alors démissionné de l’Éducation Nationale pour participer à la création de l’école, où j’ai passé deux années merveilleuses. C’est lorsque j’ai quitté Toulouse en 2020 que j’ai rejoint le Cours Charles Péguy, d’abord en tant que formatrice, puis enseignante à mi-temps et enfin à plein temps depuis la rentrée dernière.
Comment abordez-vous les enjeux de l’enseignement en zone sensible ?
J’ai remarqué que la plus grande particularité de l’enseignement en banlieues est la gestion de l’ordre et de l’autorité en classe. J’ai compris lors de ma première année d’enseignement à Montpellier qu’il fallait éviter à tout prix de rentrer en conflit frontal avec les élèves. La clé est de s’adapter à chaque élève, de prendre le temps de montrer à chacun que l’on souhaite travailler avec lui et que l’on remarque ses progrès. J’ai aujourd’hui acquis les outils nécessaires me permettant de réagir correctement aux émotions parfois intenses de certains élèves.
Comment avez-vous vu évoluer votre métier d’enseignante au cours de votre carrière ?
Mon mari étant militaire, j’ai souvent déménagé. J’ai donc dû m’adapter régulièrement à de nouveaux contextes. J’ai ainsi cherché tout au long de ma carrière à me former à de nouvelles méthodes me permettant de résoudre les problèmes individuels des élèves que j’ai rencontrés.
Espérance banlieues a été pour moi une véritable révélation grâce aux formations sur les méthodes Nuyts en grammaire et Sinagapour en mathématiques. J’ai pu découvrir et appliquer en classe ces méthodes innovantes et très efficaces. J’ai appris à faire vivre aux enfants la grammaire (par exemple, utiliser ses cinq sens pour comprendre ce qu’est un adjectif), et j’ai compris l’importance de la manipulation en mathématiques.
Mon rôle d’enseignante se recoupe aujourd’hui avec celui de formatrice : lors des formations d’été pour les enseignants Espérance banlieues, j’assure un certain nombre de conférences et je joue le rôle de tutrice pour des jeunes instituteurs. Je leur donne des conseils pour qu’ils puissent aborder sereinement la gestion de classe dès leur première rentrée. Une de mes fiertés est que l’année dernière, une jeune enseignante que j’avais formée m’a remerciée en me disant « Marie-Pierre tu m’as fait gagner cinq ans d’expérience ! ».
Qu’est-ce qui fait pour vous la particularité de l’enseignement dans le réseau Espérance banlieues ?
Je suis absolument convaincue par la continuité pédagogique totale que nous arrivons à mettre en place. Nous arrivons à dialoguer avec les parents de manière continue, ce qui a un impact positif sur la discipline que nous arrivons à mettre en place. D’autre part, le fait de déjeuner avec les élèves pendant la pause du midi permet de poursuivre cette cohérence tout au long de la journée.