Le réseau Espérance banlieues est né d’un constat malheureux : 80 000 jeunes sortent du système scolaire français sans qualification. 50% des élèves de 3ème n’ont pas la moyenne à l’examen écrit du brevet dans les réseaux d’éducation prioritaire. Pour relever ces défis, nous avons résolument opté pour des pédagogies innovantes qui ont fait leurs preuves.
La méthode de Singapour pour les mathématiques
La méthode de Singapour est une méthode d’enseignement conçue à Singapour dans les années 1980, sur la base de recherches menées par des pédagogues du monde entier. Elle n’a depuis cessé de démontrer son efficacité, que ce soit à Singapour, en tête des classements d’évaluations internationaux des élèves en mathématiques, mais également dans les 60 autres pays dans lesquels on la pratique.
Cette méthode s’appuie essentiellement sur un processus d’abstraction progressive qui part de la manipulation pour aller vers les notions théoriques.
- Approche concrète : Les élèves commencent par toucher et manipuler des objets pour se familiariser avec les notions mathématiques. Par exemple, ils apprennent l’addition en manipulant des cubes ou des jetons.
- Approche imagée : Les objets sont ensuite remplacés par des images. L’élève représente la situation concrète de manière schématique au tableau ou dans son cahier.
- Approche abstraite : Vient enfin le temps de la représentation abstraite et de l’usage des chiffres et des symboles mathématiques.
Les CP du Cours Charles Péguy ont ainsi découvert les notions de carré, de rectangle et de triangle à l’aide des géoplans de Singapour. Ce sont des plaques carrés, quadrillées de 25 piquots entre lesquels il est possible de tendre des élastiques pour former des figures géométriques. L’enseignante Solange Gonin a dans un premier temps laissé ses élèves manipuler librement les élastiques afin qu’ils trouvent comment former deux rectangles puis deux triangles à partir d’un carré, avant de leur donner des exercices de géométries plus théoriques.
La méthode Nuyts pour le français
La méthode Nuyts a été élaborée par la logopédagogue (ou pédagogue de la parole) Elisabeth Nuyts. Selon cette dernière, remettre la parole au cœur des apprentissages permettrait d’éviter la plupart des troubles d’apprentissage (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie…). La pédagogie Nuyts repose donc sur la verbalisation qui permet d’activer les circuits d’apprentissage conscients plutôt que de compter sur une approche intuitive qui ne fonctionne que pour une petite partie des enfants. Les enfants apprennent à lire oralement, en allant de la lettre à la syllabe (le B.A. –BA), puis de la syllabe au mot et enfin du mot à la phrase. L’écriture quant à elle doit absolument être liée à la lecture et à l’évocation, c’est-à-dire au fait de se représenter la scène décrite.
J’utilise la méthode Nuyts en français car elle est à la fois progressive et vivante. Par exemple, pour apprendre la valeur d’arrière-plan de l’imparfait, je fais sortir un élève et pendant qu’il est dehors, je lance une gomme contre le mur. Les élèves doivent ensuite écrire une phrase au passé pour raconter l’événement : « Pendant qu’untel était dehors, la maîtresse a jeté la gomme. » Ils comprennent ainsi la différence entre l’arrière-plan et l’action principale, cela les fait bien rire et ils s’en souviennent !
Hélène Handelsman, professeur de CM1-CM2